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Un bilan catastrophique
L’heure est grave ! Une fois n’est pas coutume, c’est un sujet plus sensible que j’aborde aujourd’hui. Car il est nécessaire, primordial, urgent de lever le voile, toutefois déjà maintes fois soulevé ces derniers mois, voire années, sur l’ampleur des dégâts causés par l’emploi de certaines matières. Et si la phase de déni semble commencer à se dissiper pour l’ensemble de l’humanité, les actions encourageants un changement plus radical et conséquent de procédés et de production sont encore bien maigres, au regard de l’ensemble de l’industrie textile.
Pour rappel, 4% de l’eau potable disponible dans le monde sert à la confection vestimentaire, avec une addition plus salée que la Mer Morte de 1,2 milliard de tonnes de gaz à effet de serre émis chaque année par l’ensemble du cycle de vie des vêtements. Soit l’équivalent d’un banc de 800000 baleines bleues, animal contemporain le plus lourd que nous connaissions. Les chiffres sont affolants, mais percutants.
Avec un impact plus important que les trafics aériens et maritimes réunis. A titre d’exemple, la fabrication d’un T-Shirt requiert l’équivalent de 70 douches, quand il en faut 285 pour un jean. Ce à quoi s’ajoute la pollution due aux multiples procédés chimiques employés dans la confection du tissu (qu’il s’agisse de pesticides et autres traitements lorsque l’agriculture n’est pas biologique, ou la succession de procédés servant la réalisation de matières synthétiques).
Or, un article du Circular Fibres Initiatives daté de 2016 évalue à 65% la proportion de matières synthétiques employées sur l’ensemble de l’industrie textile. Si les matières naturelles, et surtout végétales, sont nettement préférables aux matières synthétiques, tant pour le respect de l’environnement que celui du corps (perturbateurs endocriniens bonjour ! Oui, les sous-vêtements en coton, c’est mieux.), une nuance est toutefois à apporter, notamment en ce qui concerne le coton (vous en avez déjà certainement entendu parler, tant il a fait couler d’eau et d’encre ces derniers temps).
Le coton, ce faux ami
Pour rappel, un kilo de coton nécessite entre 5 000 et 17 000 litres, soit l’équivalent d’un éléphant svelte pour le coton le moins énergivore, au cachalot pour le plus assoiffé. Les fibres nécessitent également des procédés de traitement chimique tels que le blanchiment au chlore, pas tellement plus sympathique pour la planète.
Un mode de culture également très nocif pour les ouvriers, qui côtoient au quotidien des produits chimiques destructeurs sur le plan sanitaire, avec multiplication de cas de cancers et de formes d’autisme avérées chez les nouveau-nés. Il est ainsi préférable de le choisir bio, mais là encore, une nuance s’impose. La consommation d’eau nécessaire est en effet moindre au vu de celle nécessaire pour le coton traditionnel, mais reste tout de même non négligeable. Mais surtout, le bilan carbone s’alourdit, car la culture sans intervention de pesticide est réalisée en grande majorité dans des pays chauds, lointains (EX), et nécessitent ensuite un transport pour être filés etc. Une relocalisation de la production est toutefois en cours de développement, en France notamment.
Le lin, le chanvre et l’ortie sont des fibres d’avenir, car moins consommatrices d’eau, et tout autant naturelles. Des actions en faveur de la relocalisation de la filière lin sont d’ailleurs en cours, puisque la France est le premier producteur de lin au monde, mais la filature se fait majoritairement en Chine. Le lenpur, « cachemire végétal », provient des branches de pin blanc, en Chine et au Canada, issus de bois élagué plutôt qu’abattus, n’encourageant donc pas la déforestation. L’Ingeo (sucre de maïs), alimente les vêtements de sport, de façon biodégradable.
Et la palme du textile le plus polluant est attribuée à...
Les gagnants parmi les matières les plus polluantes étant les textiles issus de la pétrochimie, tels que le nylon, le polyester et l’élasthanne (1,5kg de pétrole pour 1kg de polyester, tout de même !).
Des initiatives servant l’économie circulaire et le recyclage ont toutefois permis la mise au point de textiles réalisés à partir de déchets plastiques (coucou Hopaal, précurseurs dans l’emploi de revalorisation de déchets plastiques).
Quant à la viscose et autres fibres artificielles issues de matières naturelles (cellulose de bois notamment), elles emploient des composantes chimiques pour la transformation de la fibre, qui ne sont pas sans danger pour la biodiversité, car la culture d’une seule et même espèce dans un espace donné a tendance à le vider de ses ressources et le fragiliser, puisque la plante cultivée se nourrira toujours des mêmes nutriments. Le lyocell est cependant 100% biodégradable, car produit dans un mélange employant un solvant organique recyclable. Il s’agit donc de privilégier les matières issues de fibres recyclées, si vous ne pouvez faire autrement que de les employer.
Des procédés de sublimation assez moches pour l'environnement
Quid de l’ennoblissement textile ? Sans faire le procès d’une intervention sophistiquée sur la matière, il faut bien admettre que cela est également néfaste pour l‘environnement et les ouvriers, dans l’usage de certains procédés chimiques. Le Wall Street Journal rapporte même, en 2007, au cours d’un reportage sur l’industrie que « La blague aujourd'hui en Chine est de déterminer quelle est la couleur à la mode simplement en regardant l'eau des rivières. »
On peut ainsi oublier les denims délavés au sablage, dont la poussière de silice peut à terme provoquer une silicose, affection pulmonaire, et dégénérer en cancer. Il existe fort heureusement des alternatives plus écofriendly, telles que l’éclaircissement au laser, pour rester sur le délavage, mais aussi les teintures naturelles, à partir de pelures de légumes par exemple. L’atelier Sumbiosis travaille d’ailleurs à l’élaboration de procédés d’ennoblissement textiles naturels, tels que le dévoré par des larves mangeuses de fibres !
Alors, il ne s’agit pas de brûler à coup de vade retro satanas vos matières synthétiques ou à la provenance un peu douteuse. Au contraire, employez-les jusqu’au dernier millimètre, pour ne rien jeter, que l’on risquerait de ne pouvoir recycler. De la même manière, il est toujours possible de les employer, si vous les désirez plus que tout, au sein de vos pièces. En les préférant dans ce cas issues de stocks dormants, ou de seconde main. Histoire de sauver ce qui est déjà produit de la combustion, sans encourager de nouvelle production.
Références et liens :
Je vous invite à lire le rapport de l’ADEME sur « Le revers de mon look », au sein duquel j’ai puisé quelques infos, avec des slides ludiques et instructives, sans être moralisatrices : https://www.ademe.fr/sites/default/files/assets/documents/le-revers-de-mon-look.pdf
Pour tout savoir ou presque sur le coton biologique : http://www.mars-elle.com/cest-quoi-le-coton-biologique-mars-elle/
Pour découvrir l’atelier Sumbiosis : https://atelier-sumbiosis.com/
Image : Pixabay
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